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European Shepherd Network
Chers amis,
Chers bergers et éleveurs,
Il y a deux semaines, lors de l’Assemblée des Pastoralistes Européens organisée par ESN à Coblence en Allemagne, plus de 50 éleveurs venus de 17 pays ont signé une déclaration commune, intitulée «Déclaration de Coblence-Ehrenbreitstein “.
Nos membres circulent activement la déclaration dans leur région et leurs réseaux. S’il vous plaît, aidez-nous à soutenir les revendications des éleveurs européens en téléchargeant et en partageant ce document!
Télécharger la déclaration au format PDF
Nous avons également créé une page Facebook sur laquelle vous pouvez vous tenir informés des dernières nouvelles.
— L’équipe de l’ESN
http://shepherdnet.eu
Nous sommes des éleveurs et des bergers de toute l’Europe. Depuis la toundra arctique aux îles de l’Atlantique, à la Méditerranée et la Mer Noire, des plaines de l’Europe du Nord aux montagnes des Alpes et des Carpathes. Nous venons de 17 pays et d’une grande diversité de cultures : « crofters », transhumants, éleveurs nomades et d’autres formes d’élevage extensif. Nous élevons des brebis, des chèvres, du bétail, des rennes — souvent des races locales adaptées à leur environnement local.
Le pastoralisme pour une Europe meilleure
Nous sommes tous venu ici à Coblence, en cette 3ème rencontre du Réseau des Bergers Européens, pour célébrer nos nombreuses contributions à la culture, la société, l’environnement, l’économie et une alimentation saine :
- Nous créons de la valeur économique en fournissant une gamme de produits de haute qualité au consommateur : viande, lait, fromage, laine, peaux.
- Nous protégeons l’environnement en préservant des écosystèmes notables où des espèces végétales et animales menacées peuvent survivre, en empêchant la pousse de broussaille, et en réduisant les risques d’incendie. Nous utilisons des zones inadaptées mais complémentaires à d’autres formes d’agriculture. Pâturer, c’est stocker du carbone atmosphérique et lutter contre le changement climatique. Nous parvenons à gérer les ressources naturelles dont nous vivons et que nous préservons pour les générations futures.
- Nous contribuons à la société en produisant une nourriture saine, des produits de qualité et des paysages attrayants, en soutenant les économies locales et maintenant les populations des régions reculées ou montagneuses, en maintenant l’environnement et la vie rurale, en enrichissant ces régions et y en améliorant la qualité de vie pour les habitants et les visiteurs.
- Nous incarnons un riche patrimoine culturel hérité de connaissances et de techniques anciennes. Notre culture réunit patrimoine immatériel, gastronomie et races animales. Elle préserve les populations rurales, elle représente pour les jeunes une opportunité d’avoir un revenu et de mener une vie qui ait du sens et des valeurs.
- Notre modèle de production est unique et différent de l’agriculture intensive conventionnelle, avec des besoins différents.
Le pastoralisme menacé
Notre mode de vie existe depuis des temps immémoriaux, en évoluant de concert avec le paysage. Il est au cœur de la culture Européenne. Mais le pastoralisme est aujourd’hui menacé comme jamais auparavant par l’industrialisation forcée de l’élevage :
- Notre richesse culturelle est en danger. Notre identité s’érode tandis que côté régulation, on n’inclut pas, ne comprend pas voire ne reconnaît pas l’existence du pastoralisme. Nous perdons notre liberté et notre capacité à maintenir nos systèmes traditionnels.
- Des retours économiques faibles et un manque de reconnaissance signifient que de jeunes éleveurs dans certaines régions se sentent obligés de quitter notre mode de vie ou de passer à des formes plus intensives d’agriculture. Pour les jeunes, il est souvent difficile d’accéder à la terre.
- Nous perdons de la surface de pâturage à cause de la concurrence d’autres usages de la terre : infrastructure, projets énergétiques, mines, réserves naturelles, résidences secondaires, biocarburants, agriculture intensive, sylviculture, fragmentation, etc. Cela rend de plus en plus difficile pour nous le maintien de nos systèmes traditionnels, en particulier lorsque ceux-ci dépendent du mouvement des animaux d’un endroit à l’autre tout au long de l’année.
- Notre identité est souvent expropriée par de grands producteurs et des agro-entreprises qui vendent de pâles copies industrielles de nos produits. Cela rend plus difficile pour nous de mettre en avant les qualités spécifiques de nos produits afin d’en tirer un prix juste. Les coûts grandissants rendent la concurrence avec l’agriculture intensive-industrielle encore plus dure. Dans certaines régions, le coût de l’accès à des terrains de pâturage privés devient prohibitif.
- L’équilibre symbiotique entre pastoralisme et environnement est mis en danger par de mauvaises décisions politiques qui excluent les pastoralistes des processus de décision tels que la création et gestion de zones protégées sans concertation avec eux. La réintroduction et la multiplication (un choix politique) de prédateurs causent des dégâts aux troupeaux. Les coûts de ces dommages sont à la charge des pastoralistes mais non reconnus et sous-compensés. Les dégâts (tels que la prédation) sont parfois difficiles à documenter d’une façon acceptable pour les autorités. Cependant, nous voulons travailler de concert avec les écologistes sur la prévention des attaques, le suivi des populations et les compensations.
- Les régulations sont votées après une consultation insuffisante ou inexistante des communautés locales. Nous sommes les usagers traditionnels de la terre mais sommes systématiquement exclus des décisions sur l’utilisation du foncier. Ce manque de consultation s’étend à tous les niveaux : local, national, régional et européen. En particulier la Politique Agricole Commune ne reconnaît pas les caractéristiques spécifiques du pastoralisme, plaçant ce système de production en situation de désavantage économique. Les exigences bureaucratiques, biaisées car favorables qu’à l’élevage intensif, imposent aux pastoralistes une paperasse écrasante et irréaliste.
Nous faisons tout pour survivre
Nous combattons ces tendances et maintenons notre mode de vie en innovant et en améliorant en continu. Nous utilisons des races locales pour s’adapter à un environnement qui change. Nous essayons de sensibiliser les consommateurs et faisons de la vente directe. Nous utilisons les nouveaux media pour promouvoir nos traditions culturelles et organiser des évènements festifs. Certains d’entre nous ont négocier des contrats de prévention d’incendie, de maintien de paysages classés et d’autres services écologiques. Nous sommes les ambassadeurs d’un patrimoine culturel local et d’une agriculture naturelle.
Partout en Europe, nous nous organisons en fédérations, construisons des réseaux régionaux et gagnons la reconnaissance d’institutions internationales de premier plan. Nous nous efforçons de défendre les intérêts des producteurs locaux et d’accroître notre représentation politique. Nous créons des centres de recherche, collaborons avec des institutions scientifiques, formons nos jeunes et renforçons nos capacités.
Ce que nous demandons aux politiques
Nous exhortons nos gouvernements et décideurs politiques au niveau local, national et européen à :
- Reconnaître la nature particulière du pastoralisme et de ses produits en adaptant la réglementation pour promouvoir la production artisanale de nourritures traditionnelles.
- Fixer des mesures pour garantir des prix justes pour les produits du pastoralisme, soutenir les marchés locaux et les systèmes innovants, et réfléchir à une labélisation qui permette de les distinguer.
- Respecter les méthodes existantes et effectives des pastoralistes pour la gestion de la reproduction et de l’identification des animaux.
- Reconnaître notre patrimoine culturel et immatériel, développer un cadre commun pour sa sauvegarde.
- Intégrer les pastoralistes à la prise des décisions qui les affectent et dans les zones où ils élèvent leurs bêtes.
- Reconnaître les organisations pastoralistes par la base en Europe en tant que partenaires et les soutenir afin qu’elles puissent représenter leurs membres, augmenter leurs capacités et mettre en œuvre le plan d’action adopté dans la présente assemblée.
- La réforme de la Politique Agricole Commune actuellement mise en œuvre perpétue de nombreuses vues erronées sur les systèmes pastoralistes dont nous avons souffert pendant des années. Les pâtures sont éligibles aux subventions, mais de vastes zones de pâturages historiques, les forêts et les zones rocailleuses, où le pâturage est un atout environnemental majeur, sont exclues. De façon similaire, la valeur du pâturage en termes de prévention d’incendies et d’utilisation de terres non-cultivables est ignorée. Les pastoralistes apportent de nombreux bénéfices environnementaux non reconnus actuellement – et ce sont les seuls capables de fournir ces services. Les réglementations doivent être revues en impliquant des délégués pastoralistes.
- Les pénalités pour non-respect de conditionnalité de la PAC doivent être reconsidérées.
- L’arrêt de la perte de foncier pâturable et de l’accaparement de terres, ainsi que des restrictions à la mobilités qui rendent impossible le maintien d’un pastoralisme viable. Nous soutenons la désignation et la protection d’un réseau européen des routes de transhumance.
Organisations signataires :
Associazione dei pastori transumanti del Triveneto, Italie
Asociația Transhumanța, Roumanie
Bulgarian Biodiversity Preservation Society Semperviva, Bulgarie
Bundesverband Berufsschäfer, Allemagne
Collectif des Races locales de Massif, France
Collectif pour la Liberté de l’élevage, France
Cooperativa Terra Chã, Portugal
Ένωση Μετακινούμενων Κτηνοτρόφων Ηπείρου (Association of Pastoral Farmers of Epirus), Grèce
European Shepherd Network
Federación Estatal de Pastores, Espagne
Finnish Saami Reindeer Herding Organization, Finlande
Fundacja Pasterstwo Transhumancyjne, Pologne
Greek Network of Transhumant Farmers, Grèce
International Centre for Reindeer Husbandry
Landelijke Werkgroep Professionele Schapenhouders, Pays-Bas
Red de Pastores de Catalunya, Espagne
Shetland Animal Health Schemes, Royaume-Uni